Le Figaro
L’Espagne met en place un «superconfinement»
Le gouvernement Sanchez n’autorise plus désormais que les salariés des activités jugées essentielles à se rendre au travail. Par Mathieu de Taillac
L’Espagne imposait déjà depuis le 15 mars l’un des confinements les plus sévères de la planète. De l’autre côté des Pyrénées, il est impossible par exemple de justifier une sortie du domicile par une course à pied ou une promenade avec les enfants. Mais cette semaine, le gouvernement a donné un sérieux coup de vis supplémentaire. Depuis lundi et jusqu’au dimanche de Pâques, le 12 avril, seuls les salariés des activités jugées essentielles sont autorisés à se rendre à leur poste de travail.
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Outre le personnel soignant et les forces de l’ordre, l’ensemble de la chaîne agroalimentaire - de l’agriculteur à la caissière du supermarché -, l’industrie pharmaceutique, la fabrication de produits sanitaires et celle de l’habillement peuvent encore faire tourner les machines. S’ajoutent les administrations les plus sollicitées, comme l’équivalent de Pôle emploi, ou celles qui luttent contre les violences faites aux femmes, une priorité nationale depuis plus de quinze ans.
Ces salariés cessent de travailler mais continuent d’être payés. Toutefois, ils devront restituer les heures chômées à leur employeurPour tous les autres, il faut désormais rester chez soi. Certains sont au chômage partiel depuis quinze jours et touchent 70 % de leur revenu, entièrement pris en charge par l’État: au moins 300.000 entreprises, représentant 1,6 million de personnes, ont mis en œuvre ces «plans sociaux temporaires». Ceux qui sont passés au télétravail peuvent continuer d’exercer depuis leur domicile.
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Quant aux salariés qui n’étaient concernés par aucun de ces dispositifs, ils sont placés par décret en «congé rémunéré récupérable». Ces salariés cessent de travailler mais continuent d’être payés. Toutefois, ils devront restituer les heures chômées à leur employeur. Lors du retour au travail, patrons et syndicats négocieront dans chaque entreprise des heures supplémentaires non rémunérées. Deux jours de la semaine sainte étant fériés en Espagne, il s’agira de rendre huit jours ouvrés d’ici au 31 décembre 2020.
«Tout change d’un jour sur l’autre»
L’opposition de droite, qui réclamait pourtant des mesures drastiques face à la pandémie, et la plupart des organisations patronales reprochent au gouvernement de Pedro Sanchez d’improviser la riposte nationale. Sur le terrain, les gestorias, les cabinets de conseil qui exercent certaines des tâches qui reviennent en France aux comptables, répondent aux doutes de PME ou d’indépendants désorientés.
Depuis trois jours, le nombre de nouveaux décès quotidiens semble s’être stabilisé autour d’un peu plus de 800«Sanchez sort à la télévision pour expliquer une mesure et le téléphone sonne immédiatement, illustre Marta Sen, du cabinet Sen Asesores établi à Ségovie. Le problème est que tout change d’un jour sur l’autre. Dimanche, le décret a été publié à minuit. On avait tiré quelques conclusions pour répondre à nos clients lundi matin. Mais lundi soir, le gouvernement publiait une note explicative qui n’avait plus rien à voir avec ce qui semblait établi jusque-là.»
L’un des secteurs les plus touchés par les dernières mesures est le BTP. La semaine dernière, on voyait ou en entendait encore les ouvriers travailler sur les échafaudages. Ce lundi, ce sont 1,7 million de travailleurs qui ont rangé la truelle. «90 % des chantiers continuaient de fonctionner, même au ralenti, reconnaissait ce mardi Julian Nunez, le président de l’organisation patronale Seopan, sur la télévision publique TVE. Nous sommes le deuxième secteur qui utilise le plus de main-d’œuvre derrière l’agriculture.»
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La porte-parole du centre national des urgences sanitaires, Maria Jose Sierra, observait ce mardi qu’en ce qui concerne les contagions, «une tendance générale se maintient depuis le 25 mars dernier»: le rythme de progression est passé de 20 à 12 %. Depuis trois jours, le nombre de nouveaux décès quotidiens semble s’être stabilisé autour d’un peu plus de 800. L’Espagne cherche à asséner le coup définitif pour faire baisser la courbe.
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